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nom. C'est ton amie, -ton Amoret. Viens ici, pour mettre fin à tous ces déchirements; regarde-moi, mon ami bien-aimé, j'ai oublié les souffrances, les chères peines que j'ai souffertes pour l'amour de toi; je veux bien-être encore ton amour. Pourquoi as-tu déchiré ces cheveux bouclés où j'ai souvent attaché des roses fraîches et des rubans, et où j'ai versé des eaux distillées pour te parer et t'embellir, pour t'embaumer de senteurs plus douces que des bouquets un jour de noces? Pourquoi croises-tu tes bras et courbes-tu ta tête sur ta poitrine, laissant tomber coup sur coup de tes deux yeux, de tes deux yeux, mon ciel, · - une pluie de larmes plus précieuses, plus pures que les perles suspendues autour du front pâle de la lune? Quitte ces désespoirs. Me voici, la même que j'ai toujours été, aussi tendre et toute à toi comme auparavant. Je suis capable de vous pardonner avant que vous le demandiez.- En vérité, j'en suis capable, car c'est fait. » Quelqu'un peutil résister à ce sourire si doux et si triste?-Toujours trompé, il la blesse encore; elle tombe mourante, mais sans colère.« Voici la fin. Adieu, et vis. Ne trompe

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And can forgive before you ask of me :
Indeed I am and will....

So this work hath end!
Farewell and live! Be constant to thy friend

That loves thee next!

I am thy love!

Thy Amoret, for ever more thy love!

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Strike once more on my naked breast, I 'll prove
As constant still. Oh! could'st thou love me yet,
How soon could I my former griefs forget!

(The Faithful Shepherdess, acte V, sc. III et v.)

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pas celle qui t'aimera la première après moi. »Enfin, une nymphe la guérit, et Périgot, désabusé, vient se mettre à genoux devant elle. Elle lui tend les bras; il a eu beau faire, elle n'a pas changé. « Je suis ton amour encore et pour toujours ton amour. - Frappe encore une fois sur ma poitrine nue, et je me montrerai encore aussi constante. Oh! que seulement tu veuilles m'aimer encore ! et comme j'oublierai vite toutes mes peines1 ! » Voilà les touchantes et poétiques figures que ces poëtes mettent dans leurs drames ou à côté de leurs drames, parmi les meurtres, les assassinats, le cliquetis des épées, et les hurlements des tueries, aux prises avec des furieux qui les adorent ou les supplicient, conduites comme eux jusqu'à l'extrémité de leur nature, emportées par leurs tendresses comme ils le sont par leurs violences; c'est ici le déploiement complet, comme l'opposition parfaite de l'instinct féminin porté jusqu'à l'effusion abandonnée, et de l'âpreté virile portée jusqu'à la roideur meurtrière. Ainsi composé et ainsi muni, ce théâtre a pu mettre au jour le plus intime fonds de l'homme, et mettre en jeu les plus puissantes émotions humaines, amener sur la scène Hamlet et Lear, Ophélie et Cordélia, la mort de Desdémone, et les meurtres de Macbeth.

1. Comparez, pour voir le contraste des races, les pastorales italiennes, l'Aminta du Tasse, il Pastor fido, de Guarini, etc.

CHAPITRE III.

Ben Jonson.

I. Les chefs d'école dans leur école et dans leur siècle.

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Son temperament. Son caractère. Son éducation.

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Ses goûts classiques.

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Jonson.

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Ses personnages di

Belle ordonnance de ses plans. Franchise et pré

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cision de son style. — Vigueur de sa volonté et de sa passion. III. Ses drames. Catilina et Séjan.

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Pourquoi il a pu peindre

Ses

les personnages et les passions de la corruption romaine. IV. Ses comédies. · Sa réforme et sa théorie du théâtre. comédies satiriques. Volpone. Pourquoi ces comédies sont sérieuses et militantes. Comment elles peignent les passions de

la Renaissance. Ses comédies bouffonnes. - La Femme silencieuse. Pourquoi ces comédies sont énergiques et rudes. Comment elles sont conformes aux goûts de la Renaissance. V. Limites de son talent. En quoi il reste au-dessous de Molière. Manque de philosophie supérieure et de gaieté comique. - Son imagination et sa fantaisie. L'Entrepôt de nouvelles et la Fête de Cynthia. Comment il traite la comédie de société et la comédie lyrique. Ses petits poëmes. Ses Masques. Mœurs

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Comment Jonson reste poëte jusque sur son lit de mort.

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VI. Idée générale de Shakspeare. Quelle est dans Shakspeare la

LITT. ANGL.

II-7

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Quelle est dans Shakspeare la faculté maîtresse. Conditions de la représentation exacte.

I

Lorsqu'une civilisation nouvelle amène un art nouveau à la lumière, il y a dix hommes de talent qui expriment à demi l'idée publique autour d'un ou deux hommes de génie qui l'expriment tout à fait : Guilhem de Castro, Pérès de Montalvan, Tirso de Molina, Ruiz de Alarcon, Augustin Moreto, autour de Calderon et de Lope; Crayer, Van Oost, Romboust, Van Thulden, Van Dyck, Honthorst, autour de Rubens; Ford, Marlowe, Massinger, Webster, Beaumont, Fletcher, autour de Shakspeare et de Ben Jonson. Les premiers forment le chœur, les autres sont les coryphées. C'est le même morceau qu'ils chantent ensemble, et dans tel passage le choriste est l'égal du chef; mais ce n'est que dans un passage. Ainsi, dans les drames qu'on vient de citer, le poëte parfois atteint au sommet de son art, rencontre un personnage complet, un éclat de passion sublime; puis il retombe, tâtonne parmi les demi-réussites, les figures ébauchées, les imitations affaiblies, et enfin se réfugie dans les procédés du métier. Ce n'est pas chez lui, c'est chez les grands hommes, chez Ben Jonson et Shakspeare qu'il faut aller chercher l'achèvement de son idée et la plénitude de son art.

« Nombreux étaient les combats d'esprit entre Shakspeare et Ben Jonson au club de la Sirène. Je les considérais tous deux, l'un comme un grand galion espagnol, et l'autre comme un vaisseau de guerre anglais; maître Jonson, comme le galion, était exhaussé en savoir, solide, mais lent dans ses évolutions; Shakspeare, comme le vaisseau de guerre anglais, moindre pour la masse, mais plus léger voilier, pouvait tourner à toute marée, virer de bord, et tirer avantage de tous les vents par la promptitude de son esprit et de son invention. » Au physique et au moral, voilà tout Jonson, et ses portraits ne font qu'achever cette esquisse si juste et si vive un personnage vigoureux, pesant et rude; un large et long visage, déformé de bonne heure par le scorbut, une solide mâchoire, de vastes joues, les organes des passions animales aussi développés que ceux de l'intelligence, le regard dur d'un homme en colère, ou voisin de la colère; ajoutez-y un corps d'athlète, et vers quarante ans, « une démarche lourde et disgracieuse, un ventre en forme de montagne.» Voilà les dehors, le dedans y est conforme. C'est un véritable Anglais, grandement et grossièrement charpenté, énergique, batailleur, orgueilleux, souvent morose et enclin aux bizarres imaginations du spleen. Il contait à Drummond qu'il était demeuré une nuit entière, s'imaginant qu'il voyait les Carthaginois el

1. Fuller's Worthies.

2. Mountain belly, ungracious gait. » Paroles de Jonson sur lui-même. - Ed. Gifford.

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