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vous allez entrer. J'espere un jour voir votre merite mis à execution; ne croyez pas que cela soit à batir des chateaux en Espagne, car il y en a plus qu'il n'en faut. Enfin, mon cher Charles, si tout le bonheur que je vous souhaite vous arrive vous ne pouvez manquer d'être heureux. Lady B—————— vous envoye un million d'amitiés, Lord B eloigne dans ce moment, sans cela je suis persuadé qu'il vous envoyerait au moins 1500 choses aimables-pour Mary elle vous dit tant de choses que je n'ai plus assez de place de les mettre—pour moi je vous assure de mon amitié inalterable et vous prie de presenter mes hommages à madame votre mère et mes compliments à votre père. Lady B se rappele au souvenir de votre mère qu'elle aime de tout son cœur. Adieu, et pour toujours votre tres devoué

D'ORSAY."

17ième Novembre, 1831.

“MON CHER CHARLES,-J'etais bien loin de penser lorsque je vous ecrivais à Brighton, que vous seriez frappé aussitôt du coup deplorable qui fait souffrir toute votre famille ainsi que vos amis. Mon style eut été moins gai, car la perte que vous venez d'eprouver me fait un réel chagrin, ce fidele serviteur (Nanini) etait tellement au dessus de sa classe qu'on ne pouvait le voir sans s'y attacher, et je conçois que dans votre vie, un evenement aussi imprevu devient une epoque bien sensible.

"Je sais, mon cher Charles, ce qu'il en est de perdre quelqu'un qu'on estime; ne regrettez pas de n'avoir pas assisté aux derniers moments du pauvre Nanini; c'eut été une source intarissable de souvenirs encore plus penibles, et son image defaite se representerait continuellement à votre imagination, sans que ce souvenir puisse vous être d'aucune consolation positive. J'ai perdu mon pauvre ami Blessington et ma mère dans l'espace de deux mois; ils sont morts dans mes bras, et lorsqu'ils m'entrent dans l'idée c'est toujours leurs derniers moments qui se presente de preference. Je voudrais me les representer dans d'autres situations de la vie, mais cela me devient difficile. Conservez donc du pauvre Nanini tout le souvenir de son attachement pour vous, tout le beau naturel de son excellente nature, et vous sentirez malgré vos regrets, que votre souvenir de lui apportera toujours quelque chose d'agreable dans votre imagination. Il y a peu de consolation à apporter à quelqu'un qui vient de faire une perte irréparable, mais enfin il est du devoir d'un ami sincere, de montrer sa sympathie, c'est ce qui m'a engagé à vous ecrire. "Votre affectionné

ALFRED D'ORSAY.”

"Londres, 1st September.

"MON CHER CHARLES,-J'étais trop lié avec votre bon père, et trop ami aussi avec vous, pour faire ce qu'on appele une visite de condolence, ainsi vous m'excusez pour n'être pas allé m'attrister, plus que je ne l'étais par la perte que nous avons faite. J'étais encore l'autre jour à Goodwood, et je puis avouer en vertu de ma sincerité, que j'avais le cœur bien ulceré, en étant sur le même spot, où l'année avant je plaisantait avec votre cher père. Vous ne

doutez pas, mon cher Charles, de tout l'interet que j'eprouve pour tout ce que vous concerne, et si j'ai commencé par une preface si longue de mes sentiments, c'est pour en venir à un sujet du quel depend la necessité de l'entreprise que vous avez sur les mains. Depuis le moment que j'ai su que vous avez pris l'Adelphi j'ai decidé avec Lord Worcester que nous ferions tout notre possible pour entrainer la societé en votre faveur, à force d'y penser, et d'en parler. Je m'apperçois, que premièrement le plan de Y- est, de vous faire

succomber; il vous abandonne personellement, pour tacher de vous faire sentir qu'il est indispensable; cette saison est un trial qu'il vous donne, esperant qu'en cas de failure vous rejettiez tout entre ses mains. Il faut donc y remedier bon gré malgré. Reeves aussi part pour l'Amérique. Mme. Honey est engagée ailleurs, enfin la plupart des vieilles associations de ce theatre se retirent. Je viens donc vous conseiller d'entrer en arrangement avec le proprietaire du Queen's Theatre, qui transporterait sa troupe avec la votre, l'union ferait la force, et grace à vos talents, vous triompherez completement du piege que Y vous a tendu. Le Queen's Theatre a été très successful cette saison; encore hier ils avaient £90 de recette; c'est extraordinaire pour la saiChesterfield, Worcester et moi, y avons une loge, et nous avons envié d'en avoir une à l'Adelphi, et hier au soir en parlant de ce sujet à Bond, il m'a dit qu'il serait enchanté de reunir sa troupe à la votre, et de fermer par consequence le Queen's Theatre. Pensez à cela, voyez si vous pouvez y trouver votre avantage, et dites le moi.

son.

"Soyez mon interprete près de votre mère, de tous mes sentiments les plus affectionnés, et croyez moi votre ami sincere, CTE. D'ORSAY."

"MON CHER CHARLES, J'ai un très bel habit tout brodé du quel j'ai un peu grown out; j'ai pensé que vous seriez bien aise de l'avoir, car un clever tailleur pourra arranger de manière que vous etonniez et l'Olympic avec; venez le chercher car je vous le donne-il est tout neuf.

"Votre affectionné

"My best love to the dear mother."

D'ORSAY.

"MON CHER CHARLES,-J'aime beaucoup votre nouvelle piece, et vous l'avez très bien joué, il faut prier l'orchestre de vous accompagner un peu plus bas, car le tintamarre qu'ils ont fait ait empeché que l'on puisse comprendre le quart de votre grand aria. Vous ferez bien aussi selon moi, de retrancher deux couplets du Welsh song. Votre French lady est parfaite, c'est la meilleure qu'on ait encore representè sur un Theatre Anglais. Usez de votre influence pour faire mettre de suite un perruque noir à Oxberry, il sera l'image de George Wombwell; il en a le costume et les manières dans la perfection, et cela fera un effet complet; Wombwell n'en sera pas faché, au contraire, et je pense que Liston ayant profité de moi on peut très bien prendre cette petite liberté qui profitera beaucoup. Donc etablissez un petit perruque noir bien curlé avec deux petits favoris sur les cotés du bout du menton d'Ecco. "Au revoir, cher Charles. Votre affectionné D'ORSAY."

No. II.

LETTERS FROM COUNT D'ORSAY TO DR. FREDERICK FORSTER QUIN. "Sième Août, 1831, 8 Seamore Place, May Fair. "Cher et estimable Quin, regenerateur de l'humanité souffrante! nouveau prophete dont les disciples s'essouflent à chanter les louanges, et qui finiront par triompher comme la civilization regnante; comment se fait il que vous oubliez entièrement votre disciple Alfred? n'attendez pas en vain l'arrive d'un ange de ciel pour m'eclairer, mais deroulez vos papyrus pour y graver les progres de la marche gigantesque de cette methodus medendi, qui jointe à votre intelligence vous assure pour votre vieillesse un ombrage de lauriers dont l'epaisseur permettrait à peine que vous soyez encore plus eclairé par le rayon de gloire que le Ciel dirigera sur vous. Maintenant que je vous ai dit ma façon de penser à votre egard, parlons de moi dans un style moins laconique.

Depuis mon arrivée dans ce pays il etait difficile de pouvoir donner un fair trial à la methode, étant toujours obligé à diner de boire un verre de vin, avec tous ceux qui ont soif. Ainsi je l'ai abandonné trop tôt pour me guerir, mais toujours à temps, pour me penetrer, que jusqu'à ce jour le genre humain a vegeté au lieu de vivre. Il faut donc que je recommence malgré que je souffre moins; repenetrez vous de ma santé, consultez vos oracles, et voyez à me reprendre en main comme vous l'aviez fait. Je suivrai ponctuellement vos avis, et vous aurez au moins la gloire d'avoir gueri un des trompettes de la renommée de la methode, et un ami sincere. Detaillez bien la manière de prendre les remèdes, et prescrivez non pas en paraboles, mais dans votre style persuasif. Notre ami Baillie est parti pour la Pologne, il veut voir de près ces victoires dont ont parlé beaucoup, et qui n'arrivent jamais; il sera probablement arreté dans sa route par les troupes de votre ancien ami et maître le Roi des Belges. Que dites vous de son idée d'avoir accepté le trone la Belgique. Comme son ancien médécin vous avez sans doute prescrit quelque remède pour le faire defendre et apprécier par les braves Belges.' Adieu, brave Quin. Je vous serre la main non pas de toutes mes forces, mais de Votre devouè et sincere ami, ALFRED D'ORSAY."

tout mon cœur.

"Crockford, Minuit.

“CHER QUIN,—Je passe ma vie à votre porte, et si le diable vous emportait, il ne pourrait le faire mieux que vous ne le faites. Aujourd'hui j'ai été de bonne heure chez vous pensant vous attrapper, mais c'est en vain. Je voulais savoir quelques details de votre entrevue avec Lord —; car quoique j'ai moins d'amitié pour lui depuis sa conduite à mon egard, il faut pourtant que je cause encore de lui avec vous. Vous avez beau le defendre ; c'est l'homme le plus froid que la mèr du nord ait pu jeter sur les côtes d'Angleterre. Son indifference le rend complêt sous ce rapport. Vous m'echauffez la bile en le defendant commes vous le faites. Je vous repête qu'il n'a plus d'amitié pour moi, et qu'il a transferé son attachment sur mes parens en

France, dont il a recemment fait la connaissance. Je l'ai rencontré l'autre jour en sortant de chez vous, et il m'a reçu d'une manière si refroidissante, que le vent d'Est ne m'a pas rechauffé depuis plusieurs jours. Je l'ai vu à l'opera l'autre soir, où il n'a pas daigné tourner la tête pour me regarder. Je l'ai rencontré chez le peintre C, où il m'a reçu si comiquement que Bouffé aurait été jalous de ce rôle. Je l'ai vu chez notre ami le Duc de B—, où il m'a donné une main morte, et lorsque je l'ai regardé (très peu à la verité), j'avais peine à concevoir que c'etait le même bon camarade avec lequel vous et moi avons passé de si bonnes soirées, et eu de si agreables et spirituelles conversations. Vous me dites que c'est ma faute que nous ne sommes plus amis, et vous me grondez de my thin skin, et bien, pour me conformer à vos desires j'ai été trois fois à sa maison. Il etait sorti avec son polichinelle de Enfin au milieu de tout cela je suis assuré de bonne part qu'il se donne les airs d'imaginer que je me suis conduit mal pour lui. Concevez vous cela, bon Quin, vous qui savez ce qu'il en est, et combien j'avais de l'amitié pour lui. Je desire donc que vous lui parliez: tachez de le voir-cela sera pourtant une chose assez difficile- -car il se croit maintenant homme d'état, destiné a tenir le gouvernail des affaires de la Grande Bretagne; de sorte qu'il est toujours entouré d'un tas de courtisans lesquels flattent son amour propre et l'empechent de se servir de son bon sens. Comme il se leve à 8 heures du matin pour aller dejeuner avec le Premier, et qu'il se couche à 1 heure la nuit pour rever politique, choisissez adroitement un entre acte; le fait est, bon Quin, que je suis assuré qu'il a beaucoup plus d'amitié pour vous que pour moi maintenant, chose qui incontestablement prouve son esprit et son jugement éclairé; mais qui est neanmoins peu flatteur pour votre ami affectionné, "ALFRED D'ORSAY.

"P.S.-Vous avez, mon cher, une manie insupportable, celle de toujours defendre les absens. Ne savez vous pas qu'il y a un proverbe Français qui dit 'que les absens ont toujours tort? Cette mode dure toujours, et que diable ! vous qui êtes le pink of fashion, devez suivre la mode."

"Mercredi.

"MON BON QUIN,-Viens donc drop in à 7 heures; nous comprendrons alors ce que ces dames ne peuvent pas comprendre. Il est etonnant que l'homme que nous aimons le mieux au monde, soit à peu près celui que nous voyons le moins. Eh bien! T. F. a rencontré mes parens à Paris et les a tellement bragué sur son amitié et admiration pour moi qu'ils se sont imaginés que c'était un attachement d'enfance que je les avais caché; c'est pourtant à toi que je dois ce succès parmi toutes les choses que je te dois. Scélerat d'homme, je t'embrasse. Ton meilleur ami, D'ORSAY."

"Paris, Mardi,

"MON CHER AMI,-Je puis bien dire que dans toute ma vie je n'ai jamais ressenti un aussi grand chagrin que celui de perdre, pour un instant même, VOL. II-U

l'illusion que vous étiez mon plus sincere ami, vous! un ami d'enfance presque; car Quin nous sommes ami depuis 1815, vous à qui je dois tant, même plus que la vie, et moi qui ne rêve qu'après le jour où je pourrai vous donner les preuves d'une affection plus que fraternelle. Le monde est bien méchant et bien envieux pour aller jusqu'à vouloir faire croire que vous êtez infidel à l'amitié, je pense, et même j'insiste pour que vous alliez voir Det que vous lui demandiez de ma part qui à eu l'impudence de lui parler ainsi de vous. Vous direz à D— que je n'ai pas pris la peine d'écrire à l'egard de L-, car je n'y attache pas d'importance. Vous c'est un cas tout particulier. D m'ecrivait, ne comptez pas trop sur les amis d'Angleterre. Il me mettait même en garde contre A-- précisement dans le moment que je recevais deux lettres de lui dans la même semaine. Je n'ai pas pris la peine de relever aucune de ces insinuations, mais pour vous c'etait trop fort, celà m'allait droit au cœur. Voyez le donc je vous en prie.*

"Je vous embrasse de tout mon cœur.

"Votre affectionné

ALFRED.

"P.S.-J'ai obtenu pour Mr. de C une des meilleurs places que l'on puisse obtenir en France, 16,000 francs par an, qu'on ne peut jamais lui oter; et retraite pour lui et sa veuve. Donc le mariage se fera le 22d de ce

mois."

"Samedi, 1846.

"Quin! Blagueur imperturbable! depuis que tu vis dans un espèce de Vatican, en Mount Street, tu te donnes des airs comme les successeurs des Cæsars ne s'en donnent pas; et tu ecris que je ne fais que m'amuser, lorsque je travaille huit heures par jour. Pense donc, qu'en m'arretant à ta porte c'est mon cœur qui m'arrète 'malgré' bon gré (comme dit la celebre Step-), et que c'est une chance de hasard que je cherche pour te voir puisque tu a la petitesse de nous abandonner. Oh Quin! l'eusse te cru!! Oui je te plains comme un auf, de n'avoir pas vu ces dames depuis si long temps, et je te felicite de ne m'avoir pas recontrè, car entre mon amitié si demonstrative et mon courroux si intempestif je t'aurais remodellé, ce que aurait pu produire peut être une belle statuette pour la galerie de ton Palais Quirinale.

La comtesse chaque jour dit comme refrain, comme c'est drole que Quin ne vient pas, et qu'il donne pour excuse qu'il est obligé d'aller voir des malades à Kensington.

"Relis cette lettre souvent, elle te poignardera à l'endroit sensible, car tu as du cœur Quin, mais je crains qu'il engraisse.

"Ton vieux pupille,

D'ORSAY."

Of

* D'Orsay was laboring under an erroneous impression when he wrote this letter. all men, Dr. Quin is the last person who would be likely to prove forgetful of the obligations of friendship, either toward the absent or those present.-R. R. M.

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