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rédaction vous plairont, et obtiendront aussi l'approbation du cher comte, auquel vous direz 1000 choses affectueuses de ma part. Quelque grand que fut le désir d'aller remplir cette mission en Italie pour s'éloigner de ce terrain volcanique où des explosions terribles nous menacent tous les jours; il était cependant impossible à un homme d'honneur de l'accepter dans les conditions actuelles, lorsque on voit évidemment que c'est une propagande républicaine qu'on impose à la diplomatic. Pour le moment nous resterons donc en France, et même à Paris, à attendre les evénemens qui ne peuvent manquer d'arriver, et bien graves hélas je le crains, car l'horizon est bien chargé, bien troublé! L'état actuel, le gouvernement, et le ministère (si de ce nom regulier on peut appeler cette agglomeration d'hommes, d'elements discordants, hétérogeneux, incroyables, anarchiques, qui sont à la tête des affaires de la France dans ce moment), tout cela n'a aucune condition de vie. Si pourtant ou laisse vivre cet embryon monstreux c'est par crainte de pire, c'est parceque les partis son nombreux, point organisés, point dessinés, c'est parceque l'assemblée n'a pas le courage de sa mission, c'est parceque le spectre hideux de Blanqui et Compagnie est là, toujours devant leurs yeux pour les empècher de monter à la tribune, ou pour refouler leurs paroles dans leurs gosiers lorsque leur conscience porterait la vérité à leurs levres. C'est qu'une assemblée qui a besoin d'une armée permanente pour se défendre, et qui ressemble (moins la forme) à une forteresse prise d'assaut et ne peut pas être indépendante. Ajoutez à celà que les chefs des Socialistes, Communistes, les Prudhons, les Leroux, les Louis Blancs (qui devraient trouver leur places dans des maisons de Santé, car évidemment leur esprit est malade), siégent pourtant à l'assemblée, et que le Socialisme en germe, en tendance est la même, dans le pouvoir exécutif, et dans les ministères; de sorte que, on a tout lieu de craindre que à tout acte de courage de l'assemblée, on crie à la réactions, et on lâche l'armée Socialiste en blouse dans les rues. Pensez à tout celà ma chère amie et des lors ne vous étonnez pasque cela dure encore. Mais cependant, la crise ne peut pas être bien eloignée. La nomination du Prince Louis Bonaparte,* à l'Assemblée a été pour le gouvernement une surprise dont il est furieux. Il n'y a pas d'effort qu'il ne ferà, pour la faire échouer de nouveau, mais je ne pense pas qu'il y réussira. Je puis vous assurer que le parti du Prince Louis est tres fort et il le serait bien plus, si les honnêtes gens qui voudraient l'ordre partout ne s'en défiaient pas un peu, le voyant porté par le parti qu'on appelle la république rouge, et même par les communistes. Mais toutefois son parti est très fort, et dans les provinces, et les campagnes surtout, ce nom de Bonaparte et d'empire exerce un prestige immense. La constitution a été lu hier à l'Assemblée pour la discuter et voter. On propose un président, et déjà on nomme le Prince Louis.

"Si le Prince Louis peut sauver cette pauvre France sous quelque nom que ce soit, il sera le bien venu. Lamartine a eû un moment la destinée de la France dans ses mains, mais son association avec Ledru Rollin et Louis Blanc

* Illegible.

l'a perdu; il espère cependant de ressairir la popularité. Je vous raconte des faits, mais quant à faire des présages, je n'en ai pas la témérité, après ce que nous avons vu, et ce que nous verrons peut-etre.

"Heurez vous autres qui savez et pouvez avec une poignée de constables éloigner tous les dangers, et jouir d'une prospérité qui s'accroit encore avec les débris de notre naufrage.

"Heureuse aussi ma belle patrie jusqu'à présent! Son héroisme l'a vengée en forcant le respect de ceux qui voulaient bien l'aimer sans la respecter. A Rome, on a ouvert les Chambres, mon frère Hyppolite a été élu deputé à l'unanimite par sa province. Il m'écrit de Rome ou il est avec sa famille. Le Marquis Guiccioli est dans la Chambre haute ainsi que beaucoup d'autres de mes parents et amis dans l'une ou l'autre chambre. Jusqu'à present tout s'y passe bien mais comme je vous l'ai d'ici on organise une puissante propagande armée et non armée qui pourra si on reussit à la jetter sur notre chère Italie, la ruiner!!

"On me dit que Londres est bien brillante, bien magnifique cette année. Pauvre France!

sait?

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J'aurais été bien heureuse de passer l'hiver en Italie avec vous; mais qui

'Mille amitiés au cher comte, de la part aussi de mon mari: et mon souvenir affectueux à votre niece charmante, Mlle. Marguerite.

"Aimez moi comme je vous aime.

"Votre amie dévouée,

MISE. DE BOISSY."

In the letter of Madame la Marquise de Boissy, where reference is made to the expected employment of the marquis in a diplomatic position in Italy, there are passages which it would be impossible to comprehend without noticing some portions of rather a remarkable letter of the marquis, published in "L'Assemblée Nationale," du Mardi, Juin 20, 1848.

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À M. BASTIDE, MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

"Paris, le Juin 10, 1848. 'MONSIEUR LE MINISTRE, Voici quelles sont les paroles, que Monsieur Lamartine m'a eu adressé, il y a de hier Samedi 8 jours. Vous avez été sur le tapis à la séance du gouvernement; je vous en préviens, Bastide ne veut pas de vous; il vous trouve trop aristocrate, pas assez republicain, il croit que vous voulez la régence. J'ai repondu :' Réellement! Est-ce qu'il m'a jamais cru democrate à la façon de quelques uns de nos démocrates de ruisseaux, et republicain dit de la ville? Il a raison, et qu'avez-vous repondu?' J'ai répondu, me dit M. de Lamartine, quand j'ai nommé Boissy, j'ai cru nommer un homme de cœur et d'intelligence; je l'ai connu et le maintiens peur tel. Quant à être republicain, il l'était autant que nous avant la république.

Au reste, comme c'est sur vous que pèse la responsibilité du choix ou du maintien des agents diplomatiques, je ne vous impose point Boissy, mais je vous déclare que je considérerai comme une injure personnelle sa révocation.

"M. le Ministre, puisque je cite textuellement les paroles de M. de Lamartine, permettez-moi de rapporter textuellement aussi, moins trois, celles que je prononçai. Je lui dis: Je vous remercie beaucoup, monsieur; si je ne leur conviens pas, qu'ils aillent. . . . . Par des relations anciennes et nouvelles, en un mot, par une réunion de circonstances que j'appellai exceptionnelles, je puis plus que, qui que ce soit, être utile en ce moment. Eh bien, me dit M. de Lamartine, vouz avez Rome d'ou vous venez, voilà qui est dit, c'est chose faite.

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• Plus tard les idées de M. de Lamartine se modifièrent, quant au lieu; il me dit. Il faut que vous alliez à Florence; c'est petit de nom, petit en apparence, mais c'est pour le moment le point important; il nous faut la près du théâtre de la guerre, près des légations, à cheval entre Rome et Turin, sur les lieux ou se prépareront et ce décideront les grands événemens, un homme actif comme vous l'êtes, qui connaisse bien le pays, qui y soit connu, qui y soit aimé ; allez à Florence pour deux ou trois mois, puis je vous donnerai Rome ou Naples ou Turin.

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Soit, dis-je, parce que vous me le demandez, et parce que c'est vous qui resterez encore quelque temps ministre des affaires étrangères. J'ajoutai: on dit que . . . va à Madrid, vous feriez bien mieux de l'envoyer à Rome; lui et moi avons toujours été d'accord en politique; tous deux placés en Italie, l'un près de l'autre, nous marcherions ensemble, et évidemment nous servirions mieux. M. de Lamartine trouva mon avis juste et bon, l'ambassade fut à l'instant même destinée . . . . . . ., toujours avec promesse que je l'y remplacerais quand il la quitterait, que s'il ne l'acceptait pas j'irais certainement trois mois après si je voulais. La difference radicale qui existe entre la politique d'alors de M. de Lamartine et celle suivie aujourd'hui, politique se révèle tout entière dans l'esprit qui préside au choix de certains agens diplomatiques. Qu'il me suffise de dire en peu de mots, Monsieur le Ministre, que quand j'acceptai une mission en Italie, il ne s'agissait nullement d'aller y faire de la propaganda, de vouloir républicaniser de force l'Italie entière, mais au contraire, de la laisser maîtresse d'elle même, en lui conseillant toutefois la fédération après qu'elle serait parvenue, seule si elle le pouvait, avec notre secours, si elle en avait besoin et le réclamait, à s'affranchir de l'étranger.

Soyez-en certain, l'Italie vraie (j'appelle ainsi l'immense majorité de ces hommes dont le patriotisme éclairè, la haute intelligence ont préparé l'affranchissement et la régénération de l'Italie), l'Italie vraie ne rêve point un remaniement general de territoires; elle veut des changemens importans, des reformes profondes et non pas comme le disait M. Guizot, et comme le disent aujourd'hui certains de vos agens, perturbateurs par état, par habitude, par necessitè, elle ne veut pas passer à l'état de république unique à l'état de républiques diverses. Ce qu'elle veut, ce qu'elle a raison de vouloir, ce qu'elle aura,

c'est la fédération des divers etats. Ce que doit vouloir la France, ce que sa politique doit favoriser, c'est la fédération des divers etats de l'Italie et non leur fusion en un seul, quelle que soit d'ailleurs sa forme de gouvernement.

"La commission executive est-elle dans le vrai, n'est-elle pas, au contraire, dans une erreur qui pourrait devinir fatale à la république Française, quand elle croit qu'une condition essentielle de vie pour la république est de n'avoir pour voisins que des etats à gouvernement républicain? Vaut-il mieux pour la république de n'avoir pour voisins que des etats en république, ou des etats à gouvernemens de formes differentes ? Si tous les etats voisins de la France étaient républicains, n'auraient-ils pas à redouter au moins, la guerre des principes? n'auraient-ils pas alors à calculer, pour être nos alliés ou nos ennemis, uniquement les chances de la victoire par les armes? Des états monarchiques n'auraient-ils pas au contraire à se préoccuper vivement, en outre, de la puissance des armes, qui est la même dans l'un et l'autre cas, de ce qu'ajoutera à la puissance des armes le secours de la guerre de principes?

"Peu de jours après le 24 Fevrier, M. de Lamartine me demanda si je voulais servir la république, si j'accepterais une mission à l'étranger. Je lui repondis que oui, à la condition que la mission qu'il me donnerait ne serait point une sinecure, qu'y aurait des services réels à y rendre, que cette mission ne serait que temporaire, conservant l'opinion constamment soutenue par moi à la tribune sur les incompatibilités. M. de Lamartine me demanda de lui indiquer quel pays je préférais, quelle mission je voudrais. Je repondis: Rome, Turin, ou Naples, car c'est en Italie que par l'étude que j'ai faite en Italie même de sa situation politique, de ses besoins, de ses hommes, de leurs idées, que par les sympathies, que je m'y suis acquises dans toutes les classes, je puis être utile. M. DE BOISSY, Ancien Pair de France."

In the preceding letter there are some observations well deserving of attention on the impracticability of all attempts to combine the several states of Italy in one great Italian sovereignty or republic, and on the practicability and desirableness of the confederation of the several principal Italian states in separate federal republics, and not the fusion of so many heterogeneous elements, each with its separate nationality, peculiar interests, particular circumstances, and distinct character and traditions.

CHAPTER II.

L. E. L.

"When the lamp is shattered,
The light in the dust lies dead;
When the cloud is scattered,

The rainbow's glory is shed.
When the lute is broken,

Sweet tones are remembered not;

When the lips have spoken,

Loved accents are soon forgot.

"As music and splendor

Survive not the lamp and the lute,

The heart's echoes render

No song, when the spirit is mute.

No song; but sad dirges,

Like the wind through a ruined cell,
Or the mournful surges

That ring the dead mariner's knell."

SHELLEY.

PECULIAR circumstances enable me to give some details respecting the brief career and death of Miss Landon, at Cape Coast Castle, perhaps more to be relied on than any previous accounts that have been given to the public by the friends of Mr. Maclean, or those who have been influenced by them. Letitia Elizabeth Landon was born at Chelsea in 1802. Domestic occurrences had unfortunately led to a separation of L. E. L. from her family at an early period, and her residence with comparative strangers, who eventually, however, became her warmest friends. Miss Landon possessed qualities eminently calculated to gain esteem and affectionate regard—great warmth of feeling; a peculiar charm of manner and address; an affectionate, loving nature; a simplicity of mind, wholly free from affectation; a guileless character, childlike in many of its traits; devoid of all suspicion of evil intentions and designs, and yet not free from impulsive tendencies and some degree of willful

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