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cuté, selon ma conscience, la tâche que j'entreprends. Je n'ai voulu jeter ni un voile sur ses erreurs, ni un faux éclat sur ses vertus.

Mon esquisse sera, il est vrai, imparfaite et grossière, mais elle sera d'après nature. Cette ébauche aura peut-être plus de prix qu'un dessin fini, qui eût été exécuté de mémoire. Ce ne sera rien moins qu'un panégyrique; mon but est de peindre mon ami tel qu'il était. On ne saurait le nier, ses passions étaient violentes et impétueuses, mais ses affections n'étaient pas moins fortes. Les unes et les autres avaient besoin d'un exercice continuel, et une con

tinuelle impatience de repos les tenait dans une constante activité. Il est satisfaisant, il est au moins consolant de penser que les derniers élans de sa vie ont été consacrés à la cause de la liberté, et au bonheur humain.

du genre

On concevra aisément comment

fus initié à la connaissance de tant de particularités de son histoire, de tant d'incidens de sa vie, et au secret de ses opinions les plus intimes. Cette connaissance, je l'ai acquise pendant un commerce familier de plusieurs mois, sans que la discrétion m'eût été commandée, et je confiais mes notes au papier pour

mon seul usage. Elles n'ont été vues de qui que ce soit; et, sans le sort qu'a éprouvé le manuscrit de ses Mémoires, elles n'auraient jamais été livrées au public.

La pensée d'écrire seulement pour faire un livre est au dessous de moi, et j'ai dédaigné de délayer mes matériaux dans des volumes. J'ai donné les idées de lord Byron, telles que je les ai notées dans le tems, en conservant ses propres termes, autant que me le permettait ma mé

moire.

Cependant, dans plusieurs endroits, on ne trouvera que la substance sans la forme. Qui pourrait

rendre la vivacité de son esprit, l'entraînement de son éloquence, les saillies de son imagination? Qui pourrait oublier l'expression de sa voix et ses manières, qui prêtaient

leur charme à tout le reste? (

« Sa conversation spirituelle faisait oublier

les nuits d'hiver, et m'apprenait à me connaître moi-même ; la flamme du foyer nous éclairait jusqu'à ce que le jour vint à poindre, et me surprît encore à l'écouter. »

SHELLEY (Julian et Maddalo.)

Genève, 1er août 1824.

(1) Que serait-ce, si vous l'aviez entendu vousmême ? comme disait Eschine en parlant de Démosthène.

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NOTICE

BIOGRAPHIQUE

SUR LORD BYRON (1).

LORD BYRON ne serait qu'un homme de génie dans la république des lettres, qu'il faudrait déplorer la perte prématurée d'un poète qui, malgré tous ses défauts, dont la critique a fait justice, avait assez de verve et d'énergie pour faire espérer, dans la maturité de l'âge et du talent,

(1) Une partie de cette Notice, attribuée à l'auteur de l'Essai sur la vie et le génic de lord Byron, avait déjà paru dans le Mercure : nous nous sommes permis de substituer quelquefois nos idées à celles de l'auteur. (Note de l'éditeur.)

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