De la puiffance des ténébres Eft-ce ici le moment fatal? Que de colonnes renverfées; Que de lumieres éclipfées! Quel nuage vient nous couvrir ! Non, mon espoir ne peut f'éteindre : La tempête n'eft point à craindre Quand le vaiffeau ne peut périr,
L'homme promet, frivole attente: Le menfonge marche après lui. Malheur à la main imprudente Qui d'un rofeau fait fon appui. Mais Dieu foutient celui qui l'aime. J'en crois ton oracle fuprême, Grand Dieu, tu ne trompes jamais. Tu parles, ta parole eft ftable, Mon efpérance inébranlable Attend tout ce que tu promets.
Quels fermens nous fait ta tendresse, Et que de gages inouïs!
C'en eft trop. Sûr de ta promeffe, Je n'éfpere plus, je jouïs.
Mon amour me donne des aîles, Et vers tes clartés éternelles Par lui je me fens emporté. Oui je vole jusqu'à ta gloire: Deja j'y fuis, et je crois boire Au torrent de ta volupté.
Ici bas compagne fidelle De l'Espérance au front férain, La Charité marche avec elle, Et la Foi leur donne la main. Liens facrés noeuds adorables, Qui les rendent inféparables, Et que Dieu feul peut desunir. Le tems d'efperer et de croire Finit au grand jour de fa gloire: Le tems d'aimer ne peut finir.
Oui, tu feras toujours le même, Et ton tems eft l'éternité, Divine ardeur, vertu fuprême, Inalterable Charité.
Si toujours ton feu nous anime, Malgré la nuit qui nous opprime, Et malgré le poids de nos corps; Quand l'objet dont tu nous enflâmes, Sans voile éclairera nos âmes, Qu'il rallumera tes transports!.
Quand brillera-t-il fur nos têtes Ce jour fi cher à notre espoir! Ce grand jour, que tu nous apprêtes, Jour qui n'aura jamais de foir; Que fa lumiere fera pure!
Nous n'en pouvons dans la Nature Trouver que d'imparfaits crayons; Ce foleil n'a rien qui l'égale, Quoiqu'au haut des Cieux il étale La pompe de tant de rayons.
Sur cette Terre infortunée, Quel tems cruel et ténébreux! O deteftable deftinée,
Jours pénibles et rigoureux!
Mais fi nous femons dans les larmes Que la récolte aura de: charmes,
Au fein de l'éternel féjour!
Et quel prix heureux de nos peines, Quand nous entrerons les mains pleines Des fruits qu'aura produit l'amour!
Le travail eft notre partage, Mais le fuccès eft ton ouvrage, Et nos richesses font tes dous.
Jean Jacques le Franc, Marquis von Pompignan geb. 1709, behauptet nächst Rousseau unter den französischen Dichtern dieser Art den ersten Rang. Der bekannte Einfall, ich denke Voltaire's, que ces Poefies font vraiment facrées, parceque perfonne n'y touche, ift mehr wißig als wahr; freilich aber wird es ermüdend, ihrer mehrere nach einander zu tesen, weil le Franc zu wenig Reichthum und Mannichfals tigkeit, und überhaupt wohl zu wenig Feuer und Fruchtbars keit des Genies besaß. Mehr indeß, als in seinen Hymnen, Oden, Cantiques und Prophéties findet sich diese Einförmige keit in seinen sogenannten Discours Philofophiques, die aus den salomonischen Büchern der Schrift gezogen sind. Ich bemerke nur noch, daß der sehr ansehnlichen Ausgabe der Gedichte dieses Verfassers (Par. 1763. gr. 4.) das vorher 1755 besonders gedruckte Examen des Poefies Sacrées de Mr. 1. F. d. P. angehångt ist, welches den åltern Grafen von Miras beau zum Verfasser hat.
HYMNE, POUR LA RESURRECTION DU SAUVEUR,
Quel fpectacle nous découvrent
Ces nuages enflammés!
Les cieux f'ébranlent, ils f'ouvrent, Et ne feront plus fermés.
Ainfi vos cruautés font vaines, Déicides, pleins de fureur.
Vos facriléges mains au corps d'un Dieu Vainqueur Ont cru donner des chaînes; Quelle espérance, et quel erreur!
Dis-moi, malheureuse Solyme, Reconnois-tu l'humble victime Dont tu viens de trancher les jours? Il est mort, pleurant fur ton crime; Pleure toi-même, et pour toujours!
Qu'il eft différent de lui même! Quels rayons partent de fes yeux! $ L'enfer f'épouvante et blasphème.
Le Sauveur des humains, leur monarque fuprême, De l'arbre de la croix vole au thrône des cieux.
Quel éclat fe répand fur fa route entière ! Quand des ténèbres du cahos
La voix de l'Eternel appella la lumière, Quand du foleil naiffant il traça la carrière, Ces premiers jours furent moins beaux, Que celui dont les feux nouveaux Du féjour de la mort ont percé la barrière; Ombres de nos ayeux, fortez de vos tombeaux!
Dieu fe prépare à nous abfoudre, L'Ange plus brillant que l'éclair, Et plus rapide que la foudre, Défcend des campagnes de l'air. O terreur foudaine! O furprise! Sa main frappe la pierre, et brife Le fçeau des juges d'Ifraël: Les foldats renversés par terre Attendent qu'un coup de tonnerre Les écrafe et venge le ciel.
Quelle rage, quelle trifteffe
Le faint troupeau plein d'allègreffe Court au-devant de fon pafteur.
La troisième aurore fe lève Il fe montre à fes ennemis; Et ce dernier prodige achève Les miracles qu'il a promis.
Ce n'eft point le fécours d'une force étrangère Qui rend à l'univers fon monarque et fon père; Lui même ouvre à nos yeux le tombeau dont il fort, Et dans fes mains invincibles
Il porte les clefs terribles
De l'enfer et de la mort.
Peuples qu'il a fauvés, fon triomphe eft la vôtre; Célébrons fa gloire et la nôtre,
De nos premiers ayeux le crime eft effacé. Les choeurs celeftes applaudiflent,
Les démons enchaînés rugiffent,
Dieu reprend fon empire, et leur règne est paflé.
Triomphez, nations fidèles;
Recevez fes faveurs nouvelles, Les anges de la mort ont fui. Mortels, qu'il invite à les fuivre, Volez, hâtez-vous de revivre Pour régner aux cieux avec lui!
« AnteriorContinuar » |